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22 juil. 2020 11:00:17

Sûreté des entreprises. « En matière de souveraineté, on marche sur la tête ! »

Stéphane Volant, le président du Club des directeurs de sécurité et de sûreté des entreprises (CDSE) a bien voulu répondre aux questions de PSM pour tirer les leçons de la pandémie du Coronavirus et du confinement. Tant du point de vue des directeurs sûreté des entreprises qu’en matière de souveraineté technologique. Extraits.

  • On a beaucoup parler de souveraineté numérique ces dernières semaines. La France dispose-t-elle des moyens de cette souveraineté ?

Je tiens à dire en préambule que je partage l’idée d’Alain Bauer selon laquelle la prochaine pandémie sera probablement digitale. Or, en matière de souveraineté numérique, la France et même l’Europe sont des naines ! Depuis des années, on nous dit que l’on va y arriver, que c’est pour bientôt… alors que dans les faits, tous les organismes économiques et les entreprises ont organisé, pendant cette crise, des visioconférences et des partages de documents avec des applications numériques qui mettaient directement en copie Pékin, Moscou ou Washington ! La France ne dispose pas d’applis d’échange ou de stockage de documents véritablement souveraines. Comment expliquez- vous que les OIV (opérateur d'importance vitale), les OSE (opérateur de service essentiel), stockent chez Google, Amazon et consorts une partie de leurs données ! Rappelons que le gouvernement français vient par exemple de prendre la décision d'héberger les informations de santé de millions de Français sur les serveurs de l'américain Microsoft. C’est édifiant ! On marche sur la tête !

  • Que faire pour reconquérir cette souveraineté numérique ?

Il faudrait d’abord définir ce qu’est une solution souveraine, c’est-à-dire que ses utilisateurs et les contenus qu’ils y déposent échappent au caractère extraterritorial du Cloud Act. Il faudrait ainsi définir les critères exhaustifs que doivent remplir les applications souveraines : nationalité du dirigeant, du capital, lieu de stockage des données… Puis calculer le coût de cette souveraineté qui, un peu comme une assurance- vie, serait soutenue par des crédits d’impôts… Par ailleurs, ces applications devront être ergonomiques, conviviales, simples d’utilisation. Enfin, je ne trouverai pas choquant qu’on impose aux services de l’État, aux OIV et aux OSE d’employer ces applications souveraines même si je mesure combien elles regrettent, faute de pouvoir les acquérir en France ou en Europe, d’avoir à recourir à des solutions étrangères. Je pense aussi qu’il faut faire confiance aux PME/PMI françaises qui innovent et sont capables de développer les solutions souveraines concurrentielles. Dans le plan de relance, il faudrait trouver les moyens de les y encourager… Nous n’avons plus d’excuses à faire valoir ! Nous avons pendant deux mois été tributaires de puissances étrangères et d’outils étrangers. Je me répète : c’est anormal et scandaleux ! Pour faire cesser ce scandale, le CDSE siège au sein des instances du Comité de filière des industries de sécurité et, sans flagornerie, je connais les efforts et apprécient les encouragements du ministère de l’Économie ou de l’Anssi, mais le temps passe et chaque jour nous rapproche d’un colaps numérique aux conséquences incalculables sur notre économie et sur la vie des Français.

Retrouvez l’intégralité de cet entretien dans PSM 260 (juillet-août 2020)

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