La VSA prolongée. Pour l’instant…

L’expérimentation de la vidéosurveillance algorithmique (VSA), initialement prévue pour s’achever en mars dernier, va donc se poursuivre jusqu’en mars 2027. Cette prolongation a été actée dans le cadre de la commission mixte paritaire, chargée d’examiner le projet de loi sur la sécurité dans les transports.
Un accord a donc été trouvé pour modifier légèrement la durée de cette phase d’essai, qui devait initialement courir jusqu’à septembre 2027. Le gouvernement, favorable à la technologie, a largement soutenu cette prolongation.
Introduite dans le cadre de l’organisation des JOP 2024, la VSA a cependant suscité de nombreuses interrogations. Le comité chargé de son évaluation a publié un rapport à la mi-janvier, mettant en lumière une série de dysfonctionnements techniques et une efficacité opérationnelle encore limitée. Par exemple, les expérimentations menées dans les gares pour repérer des bagages abandonnés ont souvent généré de fausses alertes, certains objets du mobilier urbain ou la présence de sans-abri ayant été identifiés à tort comme des menaces potentielles.
Par ailleurs, d’autres fonctionnalités promises, telles que la détection de départs de feu ou d’armes, n’ont pas été pleinement testées ou ont montré un faible niveau de maturité technologique. En conséquence, leur potentiel reste à confirmer. Ces limites techniques ont nourri le scepticisme de certains membres du comité d’évaluation quant à la valeur ajoutée réelle de ce système pour les équipes de sécurité sur le terrain. Même si des agents reconnaissent que l’outil peut servir de soutien, son apport demeure marginal dans certaines situations concrètes.
Un appui utile pour lutter contre la délinquance
Malgré ces résultats mitigés, certains appelaient de leurs vœux un prolongement ou même d’une généralisation du dispositif, estimant qu’il pourrait devenir un appui utile dans le cadre de la lutte contre la délinquance ou pour renforcer les mesures de prévention. Pour d’autres, au contraire, ce type de surveillance constitue une menace sérieuse pour les libertés individuelles.
Les critiques émanent notamment de la société civile et de certaines associations qui alertent sur le développement d’une logique de surveillance automatisée des comportements. Selon elles, cette orientation technologique s’inscrit dans une tendance sécuritaire préoccupante, où l’efficacité n’est pas toujours démontrée, mais où les atteintes potentielles aux droits fondamentaux sont bien réelles. En l’absence de garde-fous solides, cette technologie pourrait, selon ces organisations, amplifier des pratiques déjà contestées sur le plan éthique ou légal.
La prolongation de cette phase d’expérimentation va sans doute relancer le débat autour de l’équilibre entre sécurité publique et libertés individuelles. Si certains estiment que l’intelligence artificielle peut jouer un rôle dans l’amélioration des dispositifs de surveillance, d'autres s’inquiètent de voir se normaliser des pratiques intrusives qui échappent encore à une évaluation rigoureuse et transparente.
Dans les mois à venir, le vote final du texte pourrait confirmer cette prolongation, laissant deux années supplémentaires pour tester, ajuster ou potentiellement repenser l’usage de la VSA dans les espaces publics. Les discussions parlementaires, ainsi que la publication des résultats détaillés des expérimentations en cours, devraient donc être suivies de près par les partisans et les opposants de la VSA.
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