Covid-19. Amélioration en vue pour le continuum sécurité ?
Les professionnels de la sécurité privée et leur organisation représentative principale le GES (Groupement des entreprises de sécurité) ne cessent de nous faire part de leurs difficultés face aux différentes mesures de restriction de déplacement, de report des délais des cartes professionnelles, d’application de certaines mesures d’aides économiques ou sociales. A en croire Frédéric Gauthey, Président du GES, la situation s’améliore sur certains points : « Après deux semaines de confinement très difficiles et qui ont porté un coup au continuum sécurité, nous avons pu, enfin, avancer sur certains dossiers. Par exemple, en ce qui concerne la procédure de prolongation de validité des autorisations délivrées par le CNAPS (voir par ailleurs). Reste un point à éclaircir en ce qui concerne les agents SSIAP. Le dossier des attestations de déplacement est lui aussi réglé, bien que certaines difficultés restent sur le terrain. Reste à gérer l’épineux problème des masques… » Et force est de constater que sur ce sujet, à l’instar d’autres secteurs d’activités ou services essentiels au bon fonctionnement de l’Etat, la sécurité privée doit faire face à la pénurie.
Chacun se débrouille comme il peut
« Il est très difficile, à l’heure actuelle, pour les entreprises de sécurité de pouvoir se fournir en masques de protection, poursuit Frédéric Gauthey, même si leur absence n’empêche pas juridiquement de travailler. Et il n’est pas toujours facile de s’y retrouver afin d’être sûr de choisir le bon masque, assurant le degré de protection souhaité. Le GES s’est donc rapproché de Bercy et de la Direction générale des entreprises afin de pouvoir proposer, le plus vite possible, à ses adhérents une liste de fournisseurs agréés. Mais on peut craindre, dans le contexte actuel, qu’il soit difficile, pour les TPE et PME du secteur de la sécurité privée d’acheter des masques pour un petit nombre d’agents. Les distributeurs ayant tendance à privilégier les commandes émises par les grands comptes… ». Certains réfléchissent d’ailleurs à l’intérêt d’une proposition de commande groupée au niveau du GES pour le compte de ses plus petits adhérents.
L’épineux problème du chômage partiel
Le secteur de la sécurité privée est confronté, depuis l’entrée en vigueur du confinement, à une nette baisse de son activité. « Il est difficile de l’évaluer. Le Medef estime cette baisse entre 60 et 75 %. Pour avoir une vision plus claire de la situation du secteur, nous questionnons les adhérents du GES. La compilation des résultats nous permettra d’avoir une vision plus précise de l’impact de cette crise sur nos métiers et l’activité des entreprises », espère le Président du GES. « D’ores et déjà, des pans entiers de notre activité économique comme le retail non alimentaire sont à l’arrêt et d’autres comme le BTP ont très rapidement mis pied à terre, interprétant ainsi de manière excessive les directives du Gouvernement qui, à cet égard, n’a jamais interdit d’aller travailler (seulement les activités de distribution, celles qui pouvaient se faire en télétravail et l’événementiel étaient concernées !). De sorte que la perte au feu dans ces secteurs pour nous est voisine de 100% ».
Qui dit baisse d’activité, dit chômage partiel. Le GES conseille à ses adhérents de remplir de manière très précise leur dossier de chômage partiel, en en expliquant très clairement les raisons, afin de ne pas d’avoir de mauvaise surprise lors de la procédure de remboursement par l’Etat. « Cette précision est très importante car elle permettra d’expliquer aux services de l’Etat pourquoi, par exemple, dans certaines entreprises, une partie des agents pouvait être au chômage partiel et une autre non. Il n’est pas toujours possible de redéployer systématiquement des agents sur des sites pour lesquels ils peuvent ne pas jouir des habilitations nécessaires… L’effet de vase communicant n’est pas systématique », tient à préciser Frédéric Gauthey.
Prime de 1000 euros ?
On le sait, Bruno Le Maire encourage les entreprises, assurant la continuité économique à verser à leurs salariés qui travaillent, une prime de 1 000 euros. Si cela est possible dans des secteurs comme la grande distribution qui assiste à une croissance de ses activités de 30% voire plus du fait qu’actuellement, nous sommes quasiment tous contraints d’aller y faire nos courses, c’est quelque peu irréaliste pour la sécurité privée, un secteur aux marges nettes comprises entre 0,1 et 0,5 %, en temps ordinaires qui est condamné à mettre ses salariés au chômage partiel.
Le continuum : victime du Covid-19
Enfin, la sécurité privée attend toujours le décret précisant la liste des secteurs indispensables à la continuité de l’activité économique. « Cette liste est très importante car elle permettra aux entreprises travaillant dans ces secteurs d’adapter certaines règles sur la durée du temps de travail », ajoute Frédéric Gauthey. Avant de conclure : « Malgré ces progrès, le GES regrette qu’à l’inverse de pays comme le Québec, l’Italie, l’Espagne où les pouvoirs publics ont souligné la nécessaire et utile participation de la sécurité privée à la continuité de l’activité économique, il n’en ait pas été de même en France. On le voit déjà avec la multiplication des cas d’incivilité dans les entrepôts logistiques de nos clients qui nous appellent à l’aide afin de garantir l’intégrité de leurs bâtiments. Il est évident que le continuum sécurité est une ‘’victime’’ de la crise que traverse actuellement notre pays. Et qu’il faudra, le temps venu, se poser certaines questions notamment celle de la réelle volonté des pouvoirs publics de le mettre en oeuvre. »